Pour Sandy Keale, tout a commencé au Sanctuary, un improbable club de ROCK situé à Cotonou au Bénin !! Depuis, ce club a été fermé. Sauf que sur place, un fabuleux vivier de musiciens lui ont donné l'idée de faire un pont entre Paris et l'afrique grâce à un album.
Voici comment la chanteuse raconte cette incroyable aventure à la recherche de ses racines en afrique:
-"Un jour, j'ai eu envie d'un retour aux sources radical. Voilà pourquoi Jacques, mon compagnon et moi, avons pris quelques jours de vacances au Bénin, pays de résilience par rapport à l'esclavage. Nous nous sommes immergés dans ce pays religieux, berceau du vaudou. Nous avons refait le périple des esclaves en plein cagnard jusqu'à la porte du Non-Retour, pour un embarquement en direction du Nouveau Monde. Mais, pour notre dernière nuit sur place on nous avait parlé d'un club dans quartier un peu excentré de Cotonou, où ça jouait en live. Effectivement.

En guise de déco au dessus de l'entrée trônait une guitare monumentale. Une grande bannière sur un mur annonçait que le lieu était dédié "aux accros du rock et du blues". Au Sanctuary, deux bassistes sur scène jouaient du Jazz. Un morceau que je connais bien, d'ailleurs : " All Blues". Une fois installés, le patron est venu à notre table. J'ai dit aussitôt : "J'aimerais bien faire une jam avec eux" . L'ambiance devenait chaude-bouillante. Dominique Haumont, c'était le nom du maître des lieux, m'a fait signe de patienter. Ajoutant. avec un petit sourire: "Attendez le prochain set. Tout à l'heure, le groupe qui jouera, mettra le feu pour de vrai ". Je n'allais pas être déçue.
L'ancien qui menait la danse sur scène, s'appelait Michael. Il m'a présenté au clavier, Martial, avec lequel me suis tout de suite bien entendu. C'est lui qui m'expliquera la véritable raison d'être du Sanctuary.
L'orchestre en avait sous le capot ...
Bien sûr, chaque soir le lieu accueillait son public et toutes sortes d'invités sur scène, accompagnés par l'orchestre-résident. Le reste du temps, l'endroit devenait une espèce d'école dédiée aux activités pédagogiques. Une vingtaine de musiciens chevronnés avaient ainsi été formés, jouant un répertoire allant de Robert Johnson à Claude Nougaro en passant par Deep Purple, Prince, Ray Charles, Otis Redding, Bob Marley, Angelique Kidjo, etc. En plus des concerts, le Sanctuary disposait d’un atelier technique permettant aux musiciens de faire réparer et entretenir instruments et amplis. Les jeunes en manque de moyens pouvaient utiliser les instruments disponibles sur place, dont beaucoup avaient été obtenus grâce à la contribution d’artistes internationaux.
Ex-bras droit de Maurice Béjart, le parcours professionnel de Dominique ne manque pas de panache. II a dirigé un théâtre à Bruxelles, avant de quitter l'Europe en camion sur un coup de tête il y a vingt ans avec sa femme et ses trois enfants. Puis, s'est installé dans ce village en périphérie de Cotonou. En tout cas, son travail a bel et bien porté ses fruits. L' orchestre en avait sous le capot.
A peine, étais-je monté sur scène que résonnaient les premières notes de Proud Mary. Je me suis sentie propulsée direct dans le sillage de Tina Turner ... Ce fut une belle rencontre. Magnifique mais brêve : nous devions repartir. Dès lors pour moi, tout devint limpide : c'était avec cette équipe et nulle autre qu'il fallait que j'enregistre ce que je rêvais de produire.
Le nom de cet album "Paris-Cotonou" s'est du imposé de lui même car dans un laps de temps assez réduit, nous avons enchainés les allers-retours au Bénin. Six ou sept au total. Pratiquement à chaque vacances. Sur place, il y avait absolument tout pour bien travailler. Le matériel et l'humain.
Michael Havahouin à la basse et Martial Elé le clavier, se sont chargés des arrangements avec une virtuosité incroyable. Autour d'eux se sont greffés un jeune guitariste extrêmement doué Malick Moustapha, puis Elysée et Corsini les deux choristes, sans parler d'Amos Chacha et Raphael Adjaho, l'excellent duo de percussionnistes.
Le "maquis à Keale", c'est ma petite cuisine à moi.
Obtenir l'autorisation d'enregistrer au studio d'Ozana Trinité ne fut pas en revanche une mince affaire. Le lieu n'est pourtant pas bien grand, (A l'exception de tout ce qui était percussions enregistrées dans une cabine externe, tout le restant l'a été dans une seule et même pièce). Il appartient toutefois à un chanteur de Gospel du même nom qui tient absolument à ce qu'on n'y enregistre exclusivement que de la musique religieuse. Il a fallu que je lui fasse lire tous les textes de mes chansons pour lui démontrer que j'étais digne d'être accueillie chez lui. Ce n'est que bien plus tard, une fois rentrée à Paris que j'ai posé mes voix.
Dois-je souligner à ce sujet que j'ai été merveilleusement servie à la réalisation et au mixage par trois merveilleux ingénieurs du son et musiciens : Marc Benamou dit "Marquito" d'une part, Guillaume André et Raphael Guédin du Studio Audioscope de l'autre.

Entretemps, pour cause de conflits politiques locaux, le Sanctuary a dû définitivement fermer ses portes. Dominique Haumont est reparti vers de nouvelles aventures, créant un nouveau centre musical et un studio. Qu'importe, le Makiakeale Band s'était formé et ce, une fois pour toutes. Un maquis en Afrique c'est un petit restaurant de rue. Le "maquis à Keale", c'est donc la popote à Sandy. On devine que la marmite n'a pas fini de bouillonner.
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Vous êtes sur le blog de Sandy Keale et son Makiakeale Band. Découvrez "Paris-Cotonou" l'album, bientôt en vente sur son site : sandy-keale.band
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